Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir
Aimé Césaire
#Rediff
On était aux premières heures du matin du dimanche 1er novembre 2020. La famille d’Evelyne Sincère, 22 ans, reçut un appel qui pouvait leur faire tomber le ciel sur la tête. Au téléphone : l’un des ravisseurs de la jeune femme. Celui-ci lui indiqua l’endroit où le cadavre était balancé. C’est ainsi que, à Delmas 24, Evelyne Sincère fut retrouvée dans une décharge, presque nue, par sa sœur Enette Sincère, et le juge de paix suppléant de Delmas, Jean Flaury Raymond.
Evelyne Sincère a été kidnappée le jeudi 29 octobre, au dernier jour des examens de fin d’études classiques. Le ravisseur exigeait 100 000 dollars, avant de finalement accepter 15 000. Mais celui-ci n’a pas attendu. Le juge de paix dit avoir relevé des ecchymoses au niveau du bras gauche, du dos et des fesses. « Elle a été battue à mort, » déclare celui-ci au journal Le Nouvelliste. L’hypothèse du viol n’est pas à écarter vu que son vagin était enflé.
La sœur de la victime est dévastée. « J’ai demandé grâce et indiqué que j’apporterais l’argent après avoir fait des pirouettes, » explique-t-elle. Le président de la République, Jovenel Moïse, a réagi sur Twitter : « En tant que père de famille, je suis profondément choqué par l’enlèvement suivi de l’assassinat de la jeune écolière Evelyne Sincère. De telles atrocités sont inacceptables. Les autorités policières et judiciaires n’ont qu’un seul choix : mettre les bandits hors d’état de nuire. »
Le directeur général a.i de la Police Nationale d’Haïti, a déclaré dans une interview exclusive accordée à Juno7 : « Différentes unités au sein de la PNH sont déjà mobilisés pour traquer les criminels impliqués dans cet enlèvement suivis de l’assassinat de cette jeune fille de 21 ans. Nous demandons à la population de collaborer avec l’institution policière afin de faciliter le travail de la PNH et contrer les malfrats qui commettent ces crimes odieux dans la société. »
Victime, mais pas la première…
Evelyne Sincère n’est pas la première beauté à subir un tel traitement. Il y a eu Lencie S. Mirville, 23 ans, en décembre 2015. Étudiante en agronomie à l’Université Quisqueya, membre du comité de la jeunesse de son église, animatrice de l’école du dimanche, son cadavre avait été balancé dans un ravin sur la route de l’Amitié malgré le versement de la rançon de 50 000 dollars exigé. Farah Kerby Dessources en 2006. Séquestrée, torturée et assassinée, son cadavre avait été retrouvé à Santo 3, les yeux crevés.
Evelyne n’est qu’une victime de plus. De trop, on ne saurait le dire.
King Berdji ESTIVERNE